Une fois n’est pas coutume, les Chaises Musicales 2015 sont concentrées sur une journée et commenceront debout, et avec des lunettes ! Le duo « avec deux lorgnons obligés » de Beethoven (il n'est pas seulement devenu sourd, il avait aussi quelques problèmes de vue et pratiquait l’auto-dérision) mettra en scène un couple fascinant, l’altiste Krzysztof Chorzelsky et la contrebassiste Laurène Durantel, qui ne manqueront donc pas de lucidité.
Les Ebènes, dans la lumière de la fin d’après-midi, nous emmèneront ensuite dans « Ainsi la nuit », le célèbre quatuor d'Henri Dutilleux, non sans quelques explications préalables à destination des auditeurs qui ne sont peut-être pas tous familiers de ce langage sublime, post-impressioniste et lumineux.
Krzysztof, « Krz » pour les intimes, les rejoindra pour achever ce premier concert avec le ténébreux quintette en sol mineur de Mozart, si proche de sa 40ème symphonie et du désespoir de Pamina, l’héroïne de la Flûte enchantée, mais qui s’achève dans une joie limpide.
Après le pique-nique sur la pelouse, nous entendrons la voix d’Anaik Morel, accompagnée par le quatuor et Laurène, dans un assortiment de mélodies de Schubert (spécialement transcrits pour cordes) : un autre classique viennois, lui aussi très myope, mais qui n’avait pas son pareil pour traduire les sentiments de l’intime, les reflets du dedans…un véritable spéléologue de l’émotion et de la voix intérieure. Comme appelle-ton le souvenir d’un endroit où l’on n’est jamais allé ? Un peu étrange, cet hommage de Tchaikovsky à la ville de Florence, avec son exubérant et super-orchestral sextuor, non? Contrairement à Mendelssohn par exemple, qui avait sillonné toute l’Italie avant sa 4ème symphonie « italienne », traduisant l’enthousiasme, la fierté de ses habitants, la pulsation tournoyante de la saltarella, on peut dire que le géant russe a simplement rêvé de l’Italie, un peu comme Ravel rêvera l’Espagne quelques décennies plus tard. Et de même que le Boléro a fait le tour du monde, le «souvenir de Florence », joué par les Ebène, Krz et Astrig Siranossian, talentueuse violoncelliste-mais aussi chanteuse-, ne manquera pas de vous faire tourner autour de vos chaises, au moins en rêve…
Pour couronner le tout, et pour se dire au revoir, rendons hommage au peuple arménien, particulièrement musicien, qui célèbre 100 ans de renaissance et de refloraison après le terrible génocide de 1915. Le quatuor Ebène possède une corde arménienne, tout comme Astrig qui accompagnée de tous les musiciens, chantera des adaptations de Komitas, ce compositeur unique qui, tout comme Bartok avec le folklore hongrois par exemple, a fait un énorme travail de collecte des chants traditionnels arméniens. Il n’est pas de fraternité mieux formulée que par l’harmonie, et s'il y a un chemin vers la paix, c’est peut-être aussi celui de la musique.
Ces concerts se tiendront le samedi 25 juillet dans la belle église du XIIe siècle de Vicq- sur- Gartempe. Ce sera, pour beaucoup d'entre vous, l'occasion de découvrir le nouvel et talentueux altiste du quatuor, Adrien Boisseau.
A 17h Concert Classique
Quatuor Ébène
Laurene Durantel (contrebassiste) et Krisztof Chorelski (altiste) :
Programme :
Beethoven - "Duo avec deux lunettes obligées" pour alto et contrebasse (originalement pour alto et violoncelle) en Mi b majeur.
Dutilleux - Quatuor à cordes "Ainsi la nuit" (1977)
Mozart - Quintette à deux alto K516 en sol mineur
Paniers pique-nique sur la pelouse
A 21h : Musique classique - musique du monde
Quatuor Ébène et leurs invités
Laurene Durantel (contrebassiste) et Krisztof Chorelski (altiste)
Anaik Morel ( mezzo-soprano), Astrig Siranossian (violoncelliste et chanteuse)
Programme :
Schubert - Lieder (transcription pour voix et quintette avec contrebasse par le quatuor Ebène)
Das Lied im Grünen / Atys / Der Liebliche Stern /
Auf dem Wasser zu singen / Der Jüngling und der Tod
Tchaïkovsky - Sextuor à cordes "souvenir de Florence" op 70
Komitas - Mélodies traditionnelles arméniennes
Les deux concerts avec le Quatuor Ébène, ce sera, pour beaucoup d'entre vous, l'occasion de découvrir le nouvel et talentueux altiste du quatuor, Adrien Boisseau.
Adrien Boisseau, 23 ans, qualifié "d'étoile montante de l'alto et chambriste hors pair" est membre du Quatuor Ebène depuis le 1er janvier 2015
Adrien Boisseau a notamment remporté le prestigieux International classical music awards du jeune artiste de l'année 2014. Un prix décerné par la presse musicale internationale qui a reconnu qu'à "son jeune âge, en dehors de son habileté technique et de la beauté de sa sonorité, Adrien Boisseau est un musicien particulièrement mature et introspectif".
Anaik Morel
Mezzo-soprano. Depuis ses débuts internationaux en 2008, Anaïk Morel s’est distinguée sur des scènes telles que le Bayerische Staatsoper, le Staatsoper de Stuttgart, le Festival de Salzbourg, l’Opéra national de Lorraine et l’Opéra national de Lyon.
Laurène Durantel
La contrebasse classique est un instrument qui peut s'envisager de bien des manières.
Laurène Durantel fait partie de ces artistes qui cherchent à faire entendre les différentes facettes de cet instrument au sein d’ensembles de musique de chambre de pointe.
Astrig Siranossian
Violoncelliste et chanteuse de talent, française d'origine arménienne, elle est à la fois soliste et spécialiste de musique de chambre et manie avec virtuosité son archet, passant avec brio du répertoire classique à la musique contemporaine.
Krzysztof Chorzelski
Violoniste puis altiste, né à Varsovie, il jouit très vite d’une renommée de concertiste internationale. Il est depuis sa création l’altiste du quatuor Belcea. Il a joué avec les Quatuors Alban Berg, Ysaye,Razumovsky, ainsi que les pianistes Stephen Kovacevich et Piotr Anderszewski…